- La notion d’innovation dans l’histoire
- La notion contemporaine et juridique de l’innovation
- Les enjeux et l’avenir de l’innovation
La notion d’innovation, comme celle de progrès à laquelle elle est étroitement liée, fait débat depuis longtemps. Mais comment en définir les contours parfois très flous ? Tout ce qui est nouveau peut-il être considéré automatiquement comme une innovation ? C’est ce à quoi nous allons tenter de répondre aujourd’hui.
La notion d’innovation dans l’histoire
D’un point de vu historique, la notion de progrès fait référence à une amélioration technique ou des connaissances. Mais si l’on va plus loin, cette notion est plus complexe qu’il n’y paraît. En effet le Larousse, à titre d’exemple, donne pas moins de 6 définitions à ce mot. Et la notion elle-même a évolué au fil des siècles et selon les époques. Le progrès tel que nous l’entendons aujourd’hui connaît son essor lors de la « Renaissance ». Puis il connaît son avènement aux alentours du 18éme siècle avec l’émergence du courant humaniste issu des « Lumières ».
La notion contemporaine et juridique de l’innovation
Aujourd’hui les enjeux autour de l’innovation ont changé, à tel point que c’est la notion-même d’innovation qui s’en trouve bouleversée. En effet les enjeux économiques, sociaux et sociétaux ont produit un encadrement juridique sans précédent autour de l’innovation. Le dépôt de brevet est sans doute l’une des évolutions majeures ayant accompagné l’innovation. Il s’agit d’une protection juridique destinée à protéger les créateurs de propriétés intellectuelles, technologiques et industrielles, mais pas seulement. En effet, ces dernières années, plusieurs voix se sont élevées, dénonçant ce qui selon eux constitue un frein majeur à la saine concurrence. Ceci, par rapport de cause à effet, produirait également un frein à l’innovation elle-même, du fait de situations de monopole.
Il n’en reste pas moins que le nombre de dépôts de brevets reste un bon indicateur du niveau d’innovation dans un pays ou sur une filière particulière par exemple. Pour avoir un ordre d’idée : en Chine le nombre de dépôts de brevet a été multiplié par 20 au cours des 15 dernières années. Il est difficile de ne pas y voir une corrélation évidente avec l’essor économique spectaculaire de ce pays à la même période. Néanmoins, ces chiffres sont également à considérer avec prudence et recul, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, un brevet déposé ne signifie nullement une réalisation effective de l’invention. Les estimations font état de seulement 55 à 65 % des brevets qui se transforment en innovations. Et d’autre part, certaines inventions majeures ne sont pas brevetées mais au contraire soumises au secret le plus total. Le cas le plus célèbre est la recette du Coca-Cola qui ne dispose pas de brevet.
Les enjeux et l’avenir de l’innovation
Il semble qu’aujourd’hui le concept global d’innovation arrive à un nouveau moment charnière. Avec un nombre d’avancées technologiques sans précédent ces dernières années, et de nouvelles qui se profilent, la question éthique a fait son apparition. C’est ainsi que la notion d’innovation et de progrès a ouvert un nouveau débat, à savoir : où se situe la limite éthique de l’innovation. Des questions assez récentes mais qui reviennent de façon régulière, notamment lors des débats concernant le clonage, sont celles de l’intelligence artificielle, du transhumanisme ou bien encore de la PMA. Là où certains voient une dangereuse fuite en avant, d’autres voient des avancées majeures et positives. Il est peu probable qu’une réponse tranchée et concise soit donnée dans un futur proche. Mais l’ouverture de ces débats impactera sans aucun doute l’avenir de l’innovation ainsi que la définition qu’on lui donne.
Du point de vu économique et géopolitique, il est également probable que des changements importants interviennent. Depuis quasiment le début du siècle la plupart des innovations technologiques étaient le monopole de pays occidentaux (Europe, États-Unis, Canada) principalement, avec quelques exceptions comme le Japon ou la Corée du Sud. Hors aujourd’hui l’émergence de pays comme la Chine et l’Inde par exemple, va redistribuer les cartes. C’est dans un contexte économique et géopolitique inédit que l’innovation va évoluer dans les années à venir. On peut également ajouter que dans un certain nombre de pays émergents, le rapport à la technique et à l’innovation n’est pas perçu de la même façon qu’en occident. La course à l’innovation ne se fera donc pas partout en suivant les mêmes règles et normes.
Et enfin dernier détail : l’évolution géopolitique de certaines régions du monde aura un impact non négligeable sur l’innovation. Le cas de l’Iran est un très bon exemple, car ce pays au potentiel énorme a gravit 30 places au classement mondial de l’indice de l’innovation, entre 2011 et 2018. Cela constitue une prouesse quand on sait que ce pays est soumis à une série de mesures de rétorsions économiques depuis 1995 (durcies depuis à plusieurs reprises en 2004, 2006, 2007, 2010 et 2012 notamment). L’évolution de la situation vers un apaisement ou au contraire vers une guerre aurait un impact évidemment énorme sur l’évolution de l’innovation dans le pays.
Pour conclure on peut considérer que la notion historique d’innovation n’a plus grand chose à voir avec celle en vigueur aujourd’hui. Mais on peut considérer que la notion d’innovation, ayant pris racine principalement en occident pour des raisons historiques, est à la veille d’une nouvelle ère. Et ce du fait de l’émergence de nouvelles puissances ayant un regard inédit sur la question. Et lorsque l’on ajoute à cela la vitesse exponentielle à laquelle évolue la technique, tous les ingrédients sont réunis pour un bouleversement de la notion d’innovation, sans doute le plus important depuis 2 siècles.
