Quelques couacs dans la campagne de vaccination anti Covid 19

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Les vaccins contre le Covid 19 étaient attendus de pied ferme, pour ne pas dire espérés, et pourtant depuis le début des campagnes de vaccination, les questions s’accumulent. Des effets secondaires pour les uns, un niveau d’immunité en question pour d’autres, une campagne de vaccination qui traîne, et l’abandon d’un des projets de l’Institut Pasteur sont autant d’éléments qui laissent croire que les vaccins n’étaient pas une solution miracle.

Des effets secondaires enregistrés

L’une des données essentielle à prendre en compte un mois après le début de la campagne de vaccination, ce sont les effets secondaires indésirables. Un certain nombre d’entre eux étaient attendus comme pour tous les vaccins, à savoir des douleurs légères dans la zone de l’injection, des rougeurs, etc. Nous ne nous attarderons pas sur ces cas-là car étant bénins et relativement normaux.

Des réactions plus graves ont en revanche étaient constatés, allant de réactions allergiques plus ou moins importantes à des cas de tachycardie et même des décès. En ligne de mire, le vaccin développé par le laboratoire Pfizer. En France, pour la période allant du 27 décembre au 19 janvier, 31 cas d’effets indésirables graves ont été constatés, ainsi que 9 décès. Néanmoins, il convient de signaler qu’à ce jour tous les cas de décès rapportés par l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé), sont relatifs à des personnes âgés présentant déjà pour la plupart des comorbidités. Un lien direct entre ces décès et l’injection du vaccin Pfizer/BioNTech n’est donc pour l’heure pas totalement établi. 

Néanmoins, cette piste n’est pas encore totalement à exclure dans la mesure où d’autres décès ont été enregistrés en Norvège (33 cas) en Suède (13 cas) et en Islande (7 cas). Là encore, le profil des personnes concernés (exclusivement des personnes âgées)  n’a pas permis d’établir formellement un lien de causalité entre le vaccin et les décès. Enfin, il convient également de souligner qu’aucun cas de ce type n’a été constaté à ce jour avec le vaccin distribué par Moderna.    

Un niveau efficacité en question 

Autre problématique, déjà soulevée au moment de la conception des vaccins, à savoir, l’efficacité de la réponse immunitaire. Un problème liés à plusieurs facteurs, à savoir, les mutations et variants du virus lui-même, la mémoire immunitaire chez les personnes âgées et le nombre de doses nécessaires avant d’obtenir une réponse immunitaire fiable. Avec le peu de recul dont nous disposons 1 mois après le début de la campagne de vaccination, nous pouvons déjà y voir un peu plus clair. Et il semble bel et bien que l’efficacité de certains vaccins dans certaines circonstances pose question.

C’est le cas notamment des vaccins distribués par Pfizer et AstraZeneca dont l’efficacité sur les personnes âgées a été récemment mise en doute. Une remise en question particulièrement sérieuse est venue d’Allemagne par l’intermédiaire des journaux Handelsblatt et Bild Zeitung. Ces quotidiens allemands affirment que le vaccin produit par AstraZeneca aurait une efficacité de seulement 8 % chez les plus de 65 ans. Le laboratoire, par l’intermédiaire de son porte-parole a démenti ces affirmations, sans plus de précisions. Quant à Pfizer, le laboratoire reconnaît une réponse immunitaire moins importante chez un public âgé, mais tempère en expliquant que la solution pour remédier à ce problème, serait l’injection de deux doses et non une seule pour les publics concernés.  

Vient ensuite le cas des variants de Covid 19, notamment celui britannique dont on parle beaucoup, mais aussi celui Sud Africain. Les vaccins développés avant l’apparition de ces variants restent ils efficaces ? La réponse serait oui, si l’on en croit les laboratoires Pfizer et BioNTech, qui assurent que leurs vaccins sont efficaces contre les derniers variants apparus. Face au risque de nouvelles mutations du virus, ces laboratoires affirment par ailleurs être en mesure de produire un nouveau vaccin adapté en 6 semaines. Un délai rendu possible par l’utilisation nouvelle de l’ARN messager.

Le laboratoire américain Moderna quant à lui, affirme que son vaccin est déjà efficace contre les variants Sud-Africain et Britannique, mais se montre plus prudent. C’est la raison pour laquelle il table d’or et déjà sur une  nouvelle version du vaccin, qui en tant que dose supplémentaire viserait à renforcer l’efficacité de la première face aux variants.

Abandon d’un projet de vaccin par l’Institut Pasteur

Alors qu’il s’agissait d’un projet de vaccin français en pôle position, l’Institut Pasteur a finalement annoncé l’abandon d’un de ses vaccins en cours de développement. Après environ 11 mois de développement, l’Institut Pasteur renonce finalement à son projet principal, en voici les raisons.

Ce projet de vaccin reposait sur une technique bien connue et ayant déjà fait ses preuves par le passé. Il s’agissait d’utiliser comme base un vaccin contre la rougeole atténuée en tant que vecteur et d’y incorporer d’autres antigènes (ceux du virus visé), chose qui se fait depuis plusieurs années avec succès. Seulement il semble bien que cette fois-ci, et contre toutes attentes, les essais cliniques n’aient pas eu les résultats escomptés. En effet, il semblerait que la réponse immunitaire induite par ce vaccin soit deux à trois fois inférieure à celle observée chez des patients convalescents d’une infection naturelle au Covid 19.

Ce vaccin, avant même sa mise sur le marché, souffre déjà de la comparaison avec ceux déjà mis sur le marché. Il n’en fallait pas plus pour que l’industriel et laboratoire Merck, partenaire de l’Institut Pasteur dans ce projet, ne décide d’abandonner le développement d’un vaccin jugé non viable.

Un coup dur pour l’Institut Pasteur et la recherche française, mais qui ne remet nullement en cause le développement en parallèle des autres vaccins anti Covid 19 par l’Institut Pasteur.  Son projet novateur de vaccin sous forme de spray nasal est, par exemple, toujours sur les rails.