Un vaccin français contre le Covid 19

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Alors que la quasi-totalité du monde vit au ralenti depuis près d’un an du fait d’une pandémie à l’ampleur inédite, certains tablent sur une sortie de crise qui coïnciderait avec l’arrivée d’un vaccin. Bien qu’à ce jour l’efficacité d’un quelconque vaccin reste discutable, notamment du fait de la nature changeante et imprévisible du virus, les chercheurs et laboratoires du monde entier sont à pied d’œuvre depuis des mois. Mais où en est la recherche française par rapport à ses voisins ? C’est ce que nous allons tenter de voir.

Une course mondiale au vaccin

Il y aurait à ce jour, dans le monde, pas moins de 237 projets de vaccins contre le Covid 19, en cours de développement. À des stades d’avancement très divers, ces vaccins n’en sont pour certains qu’à une simple phase de démarrage, tandis que d’autres ont déjà passé les phases de test et s’apprêtent à être mis sur le marché. Parmi ces derniers, figurent en bonne place ceux développés par les laboratoires Pfizer et Moderna (États-Unis), BioNtech (Allemagne), AstraZeneca (Royaume-Uni) ou bien encore Gamaleïa (Russie). Un constat s’impose à la lecture de ces noms, aucun laboratoire français n’y figure, la première question qui se pose est tout naturellement, pourquoi ? C’est ce à quoi nous allons tenter de répondre aujourd’hui, en nous attardant sur les aspects économiques, techniques et politiques qui sont en jeu, et qui explique cet état de fait.

Où en est la recherche française ?

À ce jour, les deux laboratoires français les mieux placés dans la course au vaccin contre le Covid 19, sont l’Institut Pasteur et Sanofi. Le premier cité table sur une mise sur le marché de son vaccin à l’automne 2021, quant à Sanofi, son vaccin étant à un niveau d’avancement un peu plus avancé, une commercialisation au mois de juin 2021 reste espérer. Il est à noter que Sanofi comme l’Institut Pasteur tablent sur plusieurs vaccins à la fois, chacun à des stades de développement divers. Une simultanéité des développements qui s’explique pour des raisons techniques (divers modes de conceptions et de stockage) ainsi que de coût sur lesquelles nous reviendrons plus en détails. 

Des modes de développement novateurs

Cette pandémie de Covid 19 a été inédite sur une multitude d’aspects. Tout d’abord son ampleur et ses répercussions, mais aussi la rapidité de développement des divers vaccins (moins d’un an contre environ 10 ans en général). Des circonstances inédites ont logiquement mené à une approche inédite de la part des laboratoires, qui s’appuient sur deux modes opératoires parallèles. Le premier n’est pas nouveau et s’appuie sur l’utilisation des vecteurs viraux, quant au second, plus expérimental, il s’appuie sur l’utilisation d’ARN messager. Ce type de vaccins bénéficie d’un avantage majeur dans le contexte actuel, il est beaucoup plus rapide à développer et à produire. En revanche, il n’est pas dénué de défauts importants, il est plus cher que ses concurrents (20 euros par dose, contre 10), plus difficile à stocker (uniquement à très basse température), et surtout, on manque de recul le concernant. 

Ne pas confondre vitesse et précipitation

La pandémie de Covid 19 a beau être d’une ampleur inédite quelques questions se posent concernant les futurs vaccins. Tout d’abord, une interrogation de taille subsiste concernant la vitesse de développement de ces vaccins. Il est en effet difficile d’avoir des certitudes au sujet de l’efficacité ou des éventuels effets secondaires de vaccins développés et testés rappelons le, en environ dix fois moins de temps qu’à l’accoutumé. Ce constat s’applique d’autant plus aux vaccins ARN qui n’ont à ce jour, jamais été produit à une échelle de ce type. 

L’Institut Pasteur tout particulièrement, assume le fait de jouer la carte de la prudence et de la patience, quitte à proposer son vaccin après les autres. Il s’agit d’un vaccin dérivé de celui contre la rougeole, et mis au point selon un procédé plus long certes, mais qui a déjà fait ses preuves. C’est ce que plaide l’Institut Pasteur qui ne se considère pas en retard et à raison. Ce sont les autres qui sont en avance, peut-être même trop ?