Quelle place pour l’innovation dans le plan de relance ?

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Après plusieurs mois de confinement qui auront porté un coup plus que significatif à une économie déjà moribonde, les mesures se multiplie pour soutenir une reprise économique. Des mesures de soutien diverses avaient déjà été mis en place dans l’urgence et en plein confinement, mais qu’en est t’il des projections à moyen terme ? Le 3 septembre 2020, c’est un plan de relance gouvernemental de 100 milliards d’Euros qui a été présenter au Conseil des ministres. Il s’agit là d’un plan national visant à une reprise économique globale d’ici deux ans, mais que contient t’il exactement, et en particulier quelle est la place de l’innovation au sein de ce plan ? 

Un programme d’investissement d’avenir (PIA4) renforcé

Lancés en 2010, les programmes d’investissement d’avenir (autrefois Grand Emprunt), se sont déclinés en 3 phases successives avec des dotations très variables. Aujourd’hui, c ‘est dans un contexte un peu particulier lié à la situation sanitaire que commence la phase 4 du programme. Le budget alloué à l’innovation dans le cadre du PIA4 s’élève à un total d’environ 5,5 Milliards d’Euros, avec différentes attributions. C’est tout d’abord, 3,1 Milliards d’Euros sur 3 ans visant à soutenir l’ESRI (Enseignement  Supérieur de la Recherche et de l’Innovation). Il s’agit là d’un financement ayant pour objectif le développement des infrastructures, qu’elles soient académiques ou directement liées à la recherche (campus, sites académiques, laboratoires, labex, equipex).

Le deuxième volet comprend une enveloppe de 2,4 Milliards d’Euros, et vise à soutenir les filières émergentes ainsi qu’à stimuler la création d’emplois dans ce domaine. Parmi les secteurs en ligne de mire se trouvent en particulier, l’innovation numérique, l’intelligence artificielle, la bio-production et les technologies agricoles.

Soutien de l’emploi dans le secteur R&D

Il s’agit ici avant tout de favoriser l’entrée sur le marché du travail des jeunes diplômés (bac +5 et docteurs). Concrètement, cela se traduit par une enveloppe de 300 millions d’Euros permettant à l’état de prendre en charge 80 % du salaire de 1400 salariés du secteurs privé pouvant être mis à disposition de laboratoire public sans rupture de leurs contrats de travail. C’est également l’ embauche de 600 bac +5  et 500 docteurs, prévu dans le secteur public de la recherche.

900 millions d’Euros pour l’ANR d’ici 2021

L’ANR (Agence Nationale de la Recherche) pourra compter sur plus de 400 millions d’Euros supplémentaires à partir de 2021, portant son budget de 518 à plus de 900 millions d’Euros. L’objectif est d’atteindre une dotation d’environ 1,5 milliard d’Euros d’ici 2027, ce qui dans les fait devrait se traduire par une augmentation significative du taux de succès de l’ANR (25 % minimum), et la placer ainsi parmi les meilleures agences mondiales.

L’importance de l’enseignement supérieur

Ce plan de relance dénote aussi une certaine volonté de soutenir l’innovation à la racine, en l’occurrence, il s’agit là de soutenir l’enseignement supérieur. En chiffre, cela donne une enveloppe de 180 millions d’Euros, la création de 10 000 places supplémentaires à la rentrée 2020 puis 20 000 à la rentrée 2021. Mais ce sont aussi 32 millions d’Euros pour garantir les prêts étudiants. Ce partenariat entre l’état, les banques et la BPIfrance devrait voir son enveloppe allouée aux garanties des prêts étudiants, multipliées par 5 d’ici 2022. En pratique, cela donne la possibilité aux étudiants d’emprunter jusqu’à 15 000 Euros sur une durée minimale de 2 ans.

Une refonte des infrastructures de l’enseignement

Ce plan de relance sera aussi l’occasion de lancer une modernisation des infrastructures existantes. Cette refonte se traduira notamment par une rénovation thermique des locaux, visant à diminuer la consommation énergétique et l’empreinte carbone de ceux-ci. 

L’autre volet de cette modernisation, concerne la numérisation des supports d’enseignement et des contenus pédagogiques. Pour se faire, l’enseignement supérieur pourra compter sur une enveloppe de 35 millions d’Euros, qui viendront s’ajouter aux 21 millions d’Euros déjà débloqués cet été par le MESRI.

Reste donc à voir si ce plan de relance aura les effets escomptés, en sachant que l’évolution de la situation sanitaire reste difficilement prévisible. Le retour d’un confinement, même partiel pourrait changer considérablement la donne, seul l’avenir nous le diras.